Intentions
Du rose, de la douceur pour les impressions.
Des brulures, de la douleur pour les gravures.
Le livre et le site présentent la même dualité que j’ai traduite dans le titre : l’opposition entre douceur et douleur, deux mots que seule une lettre différencie. Ces deux sentiments se retrouvent souvent dans les relations de couple, lorsque les choses commencent à ne plus être totalement roses.
Pour chaque publication du site et pour chaque page du livre, deux images presque identiques s’opposent et se complètent en même temps. La première image est une photographie classique d’un objet rose sur un fond lui aussi rose, un procédé appelé color key en photographie. La seconde est plus spécifiquement électronique : elle résulte d’un traitement numérique qui réduit les couleurs par indexation à deux tonalités. Cela crée un aplat uniforme parsemée de pixels. Les photographies ont été imprimées en transparence sur du papier cristal, la translucidité réduisant les contrastes et offrant une sensation de douceur. Les points des pixels ont été gravés au laser sur le papier Ingre, créant une fragilité à sa surface qui, par endroits, prend des allures de dentelle délicate. Grace à de multiple plis les deux se superposent parfaitement et par transparence, l’ombre des brulures du laser renforcent le contraste des photos imprimées.
L’opposition entre le site internet, totalement impalpable mais hyper accessible à tout un chacun et à tout moment, contre la matérialité du livre unique, précieux et pratiquement inaccessible et difficilement photographiable. Objet visible sous vitrine lors de rares occasions, offert à consultation à certaines personnes chanceuses qui ont pu le manipuler lors d’événements ponctuels ou de visite de mon atelier.




Obsolescence
Les photographies originales, prises avec un appareil numérique Nikon D300, étaient stockées sur des disques durs qui, entre-temps, ont tous lâché, malgré la multiplicité des sauvegardes. Il ne reste accessibles que les images en définition réduite, visibles sur ce domaine du net, ainsi que les impressions présentes dans le livre.
Aussi avec l’évolution du code et des fonctionnalités du web, l’ancien site, datant de 2013, était devenu obsolète et illisible sur les navigateurs actuels, soulevant la question de la pérennité des informations et de leur accessibilité à long terme. Depuis 2019, je devais donc le renouveler, sans garantie qu’il tienne plus de dix ans à nouveau.
Aujourd’hui, Mars 2025. Je me suis enfin résolu à remettre ce site en ligne sous une nouvelle forme et agrémenté d’explication.
Le papier, lui, est resté fidèle à son aspect de 2014, toujours bien présent. Cette dualité entre la fragilité du web et la solidité du papier interroge : le plus fragile n’est pas toujours celui que l’on croit ou espère. Peut-on raisonnablement ne plus archiver autrement que numériquement ?